

Le nombre de projets et startups explose alors que les profils techniques se font de plus en plus rares sur le marché. Sous-traiter le développement technique est une solution, mais il ne faut pas négliger la stratégie sur le long terme. Pourquoi ? Quels pièges se cachent derrière une approche one-shot avec un freelance ? Nous avons traité le sujet avec Vincent De Jonghe, CTO chez SkillValue.
SkillValue est une plateforme de mise en relation entre clients et freelances qui s’appuie sur un catalogue de Tests Techniques pour certifier les compétences et les connaissances de tous ses talents.
De plus en plus de projets, de moins en moins de profils techniques. Es-tu d’accord avec ce constat ?
Il faut nuancer un peu ce constat en donnant un peu plus de détails.
Les projets explosent, mais aussi le nombre de profils techniques ! Ce qui a augmenté, c’est le gap entre demande et offre : l’augmentation des projets est en effet beaucoup plus importante.
Aujourd’hui, on assiste à la multiplication des formations au développement informatique dites « intensives ». Ces formations contribuent à apporter des nouvelles compétences mais elles ne peuvent pas créer des profils opérationnels dans l’immédiat. Pour un bon développeur il faut compter au moins 2/3 ans de pratique. On peut donc s’attendre à un marché un peu moins tendu dans quelques années.
Est-ce que c’est bien ce constat qui a poussé le lancement de SkillValue ?
Je n’étais pas présent à l’époque mais il y a 3 ans c’était encore plus vrai. Il y avait déjà beaucoup de développeurs indépendants de tous les niveaux. Par contre, il était difficile pour un client d’en évaluer les compétences techniques. L’idée c’était de « certifier » la qualité du freelance et de se positionner comme tiers de confiance dans la recherche et la relation entre client et prestataire. Nous voulions vérifier que les compétences ainsi que l’état d’esprit, qui n’est pas à sous-estimer, puissent matcher à 100% avec le projet.
En lisant une étude CBinsights j’ai vu que 23% des startups échouent pour des problèmes liés à l’équipe : soit pour un manque de compétences, soit pour une mauvaise entente entre associés.
Le CTO est probablement le profil le plus recherché. Mais, est-ce vraiment nécessaire pour une startup d’avoir un CTO ?
Pour moi non, pas au début. Tant qu’une startup cherche son market fit il n’y a pas besoin d’un CTO. En fait, dans la plupart des cas les startups ne cherchent pas vraiment un CTO, ils cherchent « juste » un développeur. Mais quand même un développeur avec une sensibilité client, design et business : un développeur entrepreneur.
C’est donc un problème de vocabulaire.
Quoi qu’il en soit, il faut faire très attention à qui on donne les clés du développement, que ça soit un co-fondateur ou un freelance. Certains développeurs ont tendance à se faire plaisir en faisant des choix technologiques dictés plus par leur envie d’utiliser certaines technos que par les vraies problématiques du projet. Encore une fois, c’est très important que le développeur s’intéresse un peu au business et au client, et pas qu’il ait juste envie de coder.


Comment aidez-vous les porteurs de projet et les petites startups ?
J’aide d’abord à structurer le projet. On formalise ensemble les fonctionnalités et on les priorise pour avoir une idée de MVP, V1, V2 etc… Ensuite, je challenge la solution et les fondateurs pour arbitrer les technologies à mettre en place selon le budget et la vision. Ainsi, je suis capable de savoir très précisément les besoins en termes de développements.
Ce service est très intéressant pour des porteurs de projets qui n’ont pas de tech dans l’équipe. Ça leur permet d’avancer sur leur projet et ne pas être bloqués car « ils n’ont pas de CTO ».
Ensuite chez SkillValue, le process de sélection des candidats en freelance s’articule autour de 2 axes forts.
D’abord, nous utilisons un outil de matching pour filtrer et présélectionner les profils qui correspondent le mieux à vos besoins dans notre réseau. Ensuite, des entretiens individuels entre nos experts et les candidats afin de mieux évaluer leur niveau d’expérience et de compétences ainsi que leur motivation qui se prêterait le mieux à la tâche.
Vous opérez comme un « CTO as a service » ?
Oui et non. Encore une fois, c’est plus une question de définition.
Ceux qui se positionnent comme « CTO as a service » fournissent réellement des prestations de CTO au sein de l’entreprise et sur le long terme. On ne parle plus alors de startup mais de scale-up, avec déjà 50/60 salariés.
En revanche, on apporte quand même une compétence de CTO pour pouvoir challenger la solution, la mise en place et faire des choix techniques… C’est un service compris dans la recherche du freelance parfait.
C’est bien ! Mais pour l’avoir vécu avec le projet Freeckly il existe un aspect monétaire non négligeable. Dans ce contexte, il est possible de décaler le paiement dans le temps ou payer en parts de la société ?
C’est le freelance qui décide les termes de la facturation et nous ne pouvons pas imposer des décalages, des remises ou tout autre moyen pour aider les startups. Donc cela reste de la négociation entre client et freelance. Sur le principe on n’y est pas opposé.
Cependant, on voit de plus en plus de projets qui avancent bien et qui se terminent par une intégration du freelance en CDI.
Au final, tu conseillerais quoi à une startup sans profil technique qui veut développer son concept ?
J’aurais tout intérêt à dire que la meilleure solution c’est la nôtre. 😊
Dans l’idéal pour maîtriser son risque et éviter de brûler trop vite sons argent je conseille d’éviter au maximum de coder tant que le market fit n’a pas été trouvé. Si vous pouvez sortir votre MVP sans développement, faites-le ! Sinon je vous conseille d’utiliser la solution freelance mais rester dans une optique MVP pour éviter de brûler trop d’argent.
Une fois que le market fit est fait, je conseille de faire du recrutement (profil junior) couplé avec des freelances experts et seniors, qui feront monter en compétences vos équipes et seront leads dev. Par la suite, recrutez les freelances en CDI (s’ils veulent)
Enfin, quand l’équipe commence à bien monter en charge, on pourra externaliser à l’étranger certaines parties du développement hors « cœur business » pour réduire les coûts (Pentalog pour ces sujets est très intéressant)